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Photo du rédacteurMeiun Caroline MABY

L'ARTISTE, UN ECOSATTVA

Cette thangka est la première d'une série en cours dont le sens profond est lié à l'ÉCOLOGIE. Je suis heureuse de vous présenter ici ma démarche de façon un peu plus détaillée.


Cette manifestation est directement issue de mon intérêt fondamental pour les enjeux de la NATURE et de la BIODIVERSITÉ, voire d'une aspiration "Artiviste" douce, le tout bien-sûr sous-tendu par mon engagement sur la voie du Bouddha.




 

LA LARME ET LA FLEUR

Chogyam Trungpa Rinpoche et Caroline ... a long-lasting love story ! ♥︎ | Photo © Aline Morvan

Lors de l'invasion du Tibet par la Chine (1950), fuyant les massacres et les destructions qu'elle y perpétrait, de nombreux tulkus ont déployé par leur mouvement d'exil, le bouddhisme tibétain à travers le monde.

Que ce soit depuis des monastères créés en terres Himalayennes amies ou bien en Occident, Chogyam Trungpa Rinpoche, Tulku Urgyen Rinpoche, Dilgo Khyentse Rinpoche par exemple... comptent parmi cette première génération d'enseignants ayant chanté sutras et dharanis vers l'Ouest.


Avec la migration des réfugiés — enseignants comme disciples — des textes qui n'avaient jamais quitté les monastères reculés et autres termas inédits ont ainsi été révélés au monde entier.


En voulant asservir un peuple, effacer son patrimoine artistique et spirituel unique, la République Populaire de Chine a déclenché l'effet inverse.



Dans le même temps d'après-guerre, le déploiement du Zen en occident s'est confirmé ; les arrivées de Shunzyu Suzuki, Taizan Maezumi, Kobun Chino Roshi... sur les rives Californiennes ont prolongé le mouvement initié par D.T. Suzuki, et quelques années plus tard, la venue de Taisen Deshimaru fut décisive en Europe.


Le sang versé à fait fleurir des Sanghas de par le monde et ouvert l'accès à l'étude pour tous, ce qu'a plus récemment magistralement amplifié l'avènement d'internet.


Tandis que SS le XIVème Dalaï Lama a suggéré que cette incarnation pourrait être sa dernière, Thich Nhat Hanh a aussi prédit que " Le prochain Bouddha serait la Sangha. "

Les rapports à l'esprit et à l'information évoluent à une vitesse qui me (nous?) dépasse. Les voies de transmission du bouddhisme sont en constante transformation également.



Mon enfant, ma soeur,

Songe à la douceur,


D'aller là-bas, vivre ensemble!

Aimer à loisir,

Aimer et mourir,


Au pays qui te ressemble!

Les soleils mouillés,

De ces ciels brouillés,


Pour mon esprit ont les charmes,

Si mystérieux,

De tes traîtres yeux,


Brillant à travers leurs larmes.


Là, tout n'est qu'ordre et beauté,

Luxe, calme et volupté.


[ Extrait de "L'invitation au Voyage", Spleen et Idéal, Charles Baudelaire ]



 

~ ECOSATTVA... PLAIT-IL ?


En conséquence de la diffusion du Dharma hors du Tibet combinée à l'avènement des nouvelles technologies, nos demeures deviennent les nouveaux monastères et les zendos jouxtent désormais nos chambres.

Sur la voie, où que nous nous trouvions, nous n'avons jamais été aussi "empowered" (souvent traduit par "empuissancés"): informés et accompagnés.

Notre prise de conscience engage définitivement nos responsabilités, individuelle et collective.


Face à l'urgence climatique, comment répondre au désastre annoncé et rester alerte, mû par une intention d'être et d'agir pour "libérer tous les êtres sensibles", aussi irréaliste que soit ce vœu?



S'il oeuvre pour le bien de toute chose, incluant lui-même, incluant la BIODIVERSITÉ, sans toutefois aspirer à un résultat précis, le Bodhisattva, conscient des enjeux écologiques, ne renonce jamais à son engagement. Sans pouvoir embrasser tout ce qu'il est possible de faire, sans savoir quel sera le moyen le plus efficace, il fait de son mieux, toujours, que ce soit dans la contemplation, ou la compassion en action. Activisme et méditation s'encouragent mutuellement en une dynamique vertueuse.


L'assise et les retraites peuvent désormais se dérouler chez lui; l'Écosattva est aussi invité à agir localement, sur son bout de terre et auprès du VIVANT qui l'entoure. Avions au sol, Baudelaire suggère combien le voyage est spirituel pour l'être présent à ce qui apparait.



 

QUE VIENT NOUS DIRE CE BODHISATTVA ?


" Om

Shanti

Shanti

Shanti "


[ Paix intérieure, Paix avec l'Humanité , Paix avec la Nature / le Cosmos ", ainsi le traduit Satish Kumar. ]

Si elle s'inspire de la forme et de l'énergie d'AVALOKITHESVARA à mille bras, cette toile — ARTIST AS ECOSATTVA — s'affranchit des codes et des proportions traditionnels. En évoquant un dialogue entre Dharma, contemporanéité et ses enjeux environnementaux cruciaux, j'ai souhaité témoigner d'une intention intime par cette première figure d'une longue série. On me demande parfois si c'est moi — non que je me prenne pour un être éveillé, j'ai opté pour cette suggestion à seule fin de montrer combien était central ce questionnement (un peu par simplicité aussi, des amies ayant refusé de jouer les modèles). Le reste de la série en cours n'est pas construit avec cet effet miroir.


La raison de mon empêchement à peindre ces derniers mois m'est finalement apparue. Elle émanait de la corrélation inconscientes de deux involutions inéluctables: le désastre écologique annoncé, et l'avènement immaîtrisé de l'intelligence artificielle. Rien que cela! Mais ce nœud posait — là, ici, maintenant — la question cruciale :


" Quel est le rôle de l'artiste témoin du dépassement des points de bascule? "


Entre éco-anxiété invalidante, un "à-quoi-bon?" confinant à la léthargie nostalgique, un sentiment de dépassement malgré mes cinquante ans en meilleure santé que jamais, une interrogation sur la pertinence de jeter les pinceaux et l'urgence de se former à l'I.A... j'ai erré dans les brumes obscures de l'été 2024, pour finalement laisser apparaitre quel sera le flambeau de mes dernières années sur terre.


Nous l'avons vu, le Bodhisatva ne renonce jamais. " Dungkar " * répond — chapitre #32 — que l'I.A. ne saurait donner à l'œuvre le souffle de vie qui la rend vibrante à l'Humanité (pour ce qui est de ma génération à tout le moins).


Je resterai donc consciente et engagée, pinceaux en bois et soies, pigments naturels et toile de lin comme moyens d'action dans une réalité tangible, palpable et embrassable.



À seul titre de témoignage, cette thangka montre ainsi comment je m'approprie la révélation d'automne:

- de là où je me suis incarnée et vis aujourd'hui : en Occident, en France, BRETAGNE. La figure porte une coiffe bretonne à la place de la couronne traditionnelle comme signe d'attachement à sa terre natale et son écosystème.

- en plaidant pour la protection de la BIODIVERSITÉ: Le LYNX dans une bulle, des CUMULUS dans l'autre occupent la place de la lignée dans la représentation traditionnelle.

- La calligraphie " Love " tient lieu de coussin-lotus et rappelle la motivation primordiale,

- tout comme le mantra de Compassion répété: " Om Mani Padme Hum " qui est celui d'Avalokiteshvara.

- L'assise et le mudra cosmique évoquent également combien est impérieuse la nécessité d'étudier son esprit et la phénoménologie.




Première d'une série de grand formats nés de la même aspiration à plaider pour la préservation de la NATURE, la toile annonce les représentations à venir de Yeshé Tsogyal, Milarepa, Dorje Yudronma (actuellement en cours à l'atelier), Tara... et nombre d'autres qui nous délivreront leur message contemporain au service de cette PLANÈTE extraordinaire.



* " Dungkar " est le petit recueil de conseils canalisés cet été: https://www.carolinemaby.art/post/dungkar .



 

EN SAVOIR +

À propos de cette toile :

et


~

Et pour vous procurer " Dungkar " :


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